Hier, Yopougon a été le théâtre d’une mobilisation d’une ampleur et d’une discipline inédites dans le paysage politique ivoirien. Des centaines de milliers de citoyens, unis derrière le PPA-CI et le PDCI, ont démontré avec une rigueur exemplaire que l’opposition ne se contente plus de jouer les seconds rôles. Elle s’impose désormais comme le pivot incontournable de la vie politique nationale.

Cette manifestation n’était ni improvisée, ni chaotique. Au contraire, elle a été orchestrée avec une précision digne des plus grandes organisations : encadrement rigoureux, coordination sans faille entre les leaders, et discipline dans chaque quartier. Ce savoir-faire organisationnel constitue un tournant majeur, révélant une opposition capable de fédérer, structurer et canaliser la contestation populaire. Une réalité qui a dû surprendre jusque dans les hautes sphères du pouvoir.

Les revendications, quant à elles, étaient nettes et sans équivoque. Transparence totale dans le processus électoral, inclusion politique réelle, dénonciation des exclusions arbitraires, rejet d’un hypothétique quatrième mandat qui menace la stabilité démocratique, et revendication des droits fondamentaux tels étaient les maîtres-mots portés par la foule. Ces demandes traduisent une volonté profonde d’assainissement politique et de respect des principes républicains.

Au-delà de la simple contestation, cette marche redéfinit le rapport de forces à quelques mois d’élections déterminantes. L’opposition affirme sa capacité à agir, à proposer, à mobiliser. Pour le pouvoir en place, faire l’impasse sur ce signal est une erreur stratégique lourde de conséquences. L’avenir politique de la Côte d’Ivoire se joue aujourd’hui aussi dans la rue, et le message est clair : l’opposition est prête à reprendre son destin en main.

Delph Bah, Analyste & Éveilleur des consciences

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