Le président du Mouvement des Forces d’Avenir (MFA), Yaya Fofana, a officiellement annoncé sa candidature à la présidence du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) ainsi qu’à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Cette déclaration marque un tournant majeur dans la dynamique politique ivoirienne, révélant des tensions internes au sein du RHDP et affirmant la volonté du MFA de peser davantage sur l’avenir du pays.

Une rupture assumée avec le RHDP

Après des années d’alliance au sein du RHDP, Yaya Fofana et son parti dénoncent une marginalisation structurelle qui les aurait relégués à un rôle secondaire.

Nos propositions sont ignorées, nos représentants exclus des sphères stratégiques. Le silence qu’on voudrait nous imposer est un déni de notre existence politique.

a-t-il affirmé lors d’un rassemblement à Yopougon, entouré des différentes structures du MFA.

Cette prise de position marque une rupture politique avec le parti au pouvoir. Fofana critique une gouvernance qu’il juge pyramidale et figée, fermée à toute voix dissonante. Il estime que le MFA a été progressivement vidé de sa substance politique depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara.

Une candidature portée par une base militante unie

Rarement le MFA n’avait affiché une telle unité. Jeunesse, femmes, enseignants et cadres du parti ont tour à tour pris la parole pour soutenir la double candidature de leur leader. Euphrasie Koutoua, présidente de la section féminine du MFA à Yopougon, a affirmé : « Nous ne pouvons plus tolérer que notre voix soit ignorée. Nous soutenons avec force la candidature de Yaya Fofana à la présidence du RHDP, mais aussi à la magistrature suprême »

De son côté, la jeunesse du parti se dit prête à relever le défi : « Nous n’avons pas les moyens de l’État, ni les réseaux des grandes familles politiques, mais nous avons la conviction, la vérité, et surtout la jeunesse ivoirienne avec nous », a lancé Vincent Kobena sous un tonnerre d’applaudissements.

Un projet de rupture et de refondation

Si la candidature de Yaya Fofana acte une rupture, elle entend également ouvrir un nouveau cycle. Le leader du MFA prône une offre politique alternative, axée sur la réconciliation nationale et une gouvernance plus inclusive. Il propose notamment la création d’un Comité électoral permanent, un Observatoire de la démocratie interne, ainsi que des quotas pour les jeunes et les femmes au sein du RHDP.

Fofana insiste sur la nécessité d’une Convention inclusive pour désigner le candidat du RHDP à la présidentielle, affirmant que la démocratie interne du parti doit être exemplaire. Il appelle à une alternance apaisée, convaincu que le RHDP doit renouer avec l’esprit de rassemblement et de paix hérité du Président Félix Houphouët-Boigny.

Une recomposition du paysage politique ivoirien

Alors que les pré-congrès régionaux du RHDP ont massivement plébiscité la candidature d’Alassane Ouattara, Yaya Fofana se positionne comme une alternative républicaine. Il affirme que son engagement ne traduit pas une opposition personnelle au chef de l’État, mais plutôt une volonté de proposer une démocratie plus inclusive.

Sorti d’une crise de leadership qui a longtemps affaibli sa visibilité, le MFA se présente aujourd’hui comme une force politique restructurée et dynamique. Son programme met l’accent sur l’emploi des jeunes, la justice sociale et la réconciliation durable.

À quelques mois du scrutin, la candidature de Yaya Fofana pourrait bien redéfinir les équilibres politiques en Côte d’Ivoire. Reste à voir si cette dynamique suffira à convaincre les électeurs et à imposer une nouvelle vision au sein du RHDP et du pays tout entier.