Côte d’Ivoire : le Conseil constitutionnel face à l’épreuve historique des candidatures Gbagbo et Thiam

En l’espace de quarante-huit heures, la scène politique ivoirienne a été profondément marquée par deux événements majeurs. Tidjane Thiam a déposé son dossier de candidature le dimanche 24 août, suivi le lundi 25 août par Laurent Gbagbo. Bien que tous deux aient été radiés de la liste électorale, ils ont choisi de rassembler leurs parrainages et de présenter officiellement leur dossier à la Commission électorale indépendante. Leur initiative traduit une volonté claire de rappeler l’importance du respect de la légalité, contestée dans le cas de leur radiation.
Par cette démarche, Gbagbo et Thiam déplacent le débat politique. Ils soulignent que la démocratie ne se limite pas à la simple application de règles procédurales, mais repose également sur le respect du droit et des institutions. En déposant leur candidature, ils placent le Conseil constitutionnel face à une responsabilité d’envergure historique. L’institution est appelée à trancher une question juridique dont les répercussions politiques et sociales pourraient être considérables.
Cette situation s’inscrit dans un contexte d’autant plus délicat que la candidature du président sortant, Alassane Ouattara, est elle-même vivement contestée par l’opposition, jugée excessive, voire anticonstitutionnelle par ses adversaires. La validation de sa candidature, conjuguée au rejet de celles de Gbagbo et Thiam, risquerait d’exacerber le sentiment d’injustice et de renforcer l’idée d’un processus électoral verrouillé, alimentant ainsi des tensions dont l’issue resterait incertaine.
Le Conseil constitutionnel se trouve ainsi investi d’une mission cruciale. Sa décision sera scrutée comme un indicateur de neutralité et de courage institutionnel. Valider ces candidatures pourrait favoriser une compétition électorale apaisée, où les divergences se résolvent dans les urnes plutôt que dans la rue. Les rejeter, en revanche, reviendrait à exclure deux forces politiques majeures de la vie nationale, au risque de fragiliser davantage la cohésion sociale et de remettre en question la crédibilité du processus électoral.
La Côte d’Ivoire traverse un moment décisif. La confrontation politique ne se limite plus aux seuls acteurs partisans : elle se joue désormais dans le regard porté sur la capacité des institutions à garantir justice et équité. Entre ses mains, le Conseil constitutionnel détient bien plus qu’un simple verdict juridique : il détient une part essentielle de la stabilité et de l’avenir démocratique du pays.
Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences
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