Le politologue ivoirien Geoffroy-Julien Kouao s'est prononcé, mardi 29 juillet, sur l'annonce de la candidature d'Alassane Ouattara à la présidentielle d'octobre 2025, dans l'émission Le Grand Invité d'Afrique de RFI.
Son décryptage est plausible.
« Ce n’est pas un choix par défaut. C’est une décision pensée, coordonnée, et probablement motivée par un souci de maîtrise du jeu politique », affirme M. Kouao.

Une réponse à une opposition en mouvement

Pour lui, plusieurs facteurs ont précipité cette annonce. D’abord, la menace d’une instabilité politique alimentée par une opposition de plus en plus virulente. La grande marche prévue par le Front commun le 2 août, finalement interdite, semble avoir joué un rôle de catalyseur. Il fallait, selon Kouao, reprendre l’initiative et désamorcer un cycle de contestation grandissante.

Un système personnalisé

Mais la candidature s’inscrit aussi dans une dynamique institutionnelle. Le RHDP n’ayant pas désigné de successeur naturel, Ouattara se retrouve une fois de plus comme l’ultime recours dans un système fortement personnalisé. « Tant que le pouvoir reste aussi concentré autour d’une seule figure, la tentation de continuer devient presque structurelle », analyse le consultant.

La perspective d’une élection sans Alassane Ouattara aurait en effet laissé le champ libre à une opposition en pleine recomposition, notamment après l’interview offensive de Tidjane Thiam, candidat potentiel du PDCI-RDA, qui semble avoir marqué les esprits.
« L’entrée médiatique remarquée de Thiam a été perçue comme un défi. Et Ouattara, en homme politique chevronné, a répondu par un acte fort », ajoute l'invité.

Une élection sans enjeux ?

Il reconnaît toutefois la pertinence des arguments avancés par le président Alassane Ouattara pour une autre candidature, notamment la menace sécuritaire dans la sous-région. Sur la tenue du prochain scrutin, sans probablement les deux opposants majeurs — Gbagbo et Thiam — Geoffroy Kouao estime que ce sera une élection sans véritable enjeu.

Une opposition sur le pied de guerre

Après l'interdiction de la marche du PPA-CI et du PDCI, qui a précédé de peu cette déclaration de candidature, ce Front commun pourrait, selon le juriste, envisager d’autres stratégies en organisant de nouvelles manifestations.

Avec cette annonce, Alassane Ouattara relance la bataille politique à deux mois de l’élection présidentielle. Mais loin d’apaiser les tensions, sa décision pourrait bien raviver les clivages d’un pays encore marqué par les souvenirs de crises électorales passées.

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