FRANÇAFRIQUE 2.0 : LA DÉMOCRATIE À GÉOMÉTRIE VARIABLE

Depuis plus de soixante ans, la politique française en Afrique obéit à une équation constante : tant que les intérêts économiques sont garantis, les dérives autoritaires sont tolérées ; dès qu’ils sont menacés, Paris se découvre soudainement une vocation de défenseur de la démocratie.
Au Cameroun, Paul Biya réprime les populations anglophones depuis quatre décennies sans que cela n’affecte les relations avec l’Élysée. Au Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso cumule les années de pouvoir autoritaire pendant que le pétrole congolais continue d’alimenter les raffineries françaises.
La Côte d’Ivoire en est l’illustration la plus récente. Alors que le pays s’achemine vers une crise post-électorale avec la candidature d’Alassane Ouattara et l’écartement de figures majeures comme Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, Paris reste silencieux. Un contraste saisissant avec les propos d’Emmanuel Macron, qui avait autrefois dénoncé le troisième mandat de Ouattara, mais choisit aujourd’hui de se taire face aux tensions grandissantes.
Le cas du Niger est tout aussi révélateur. Tant que l’uranium d’Orano alimentait les centrales françaises, les atteintes aux droits humains passaient au second plan. Mais dès que Niamey a remis en cause ces contrats, Paris est devenu soudainement un champion de la démocratie.
Enfin, le rapprochement avec Kigali confirme cette logique. Malgré l’autoritarisme bien documenté de Paul Kagame, Emmanuel Macron a normalisé les relations, soucieux de ne pas être absent d’un marché est-africain en plein essor.
Le franc CFA complète ce tableau : un outil monétaire qui maintient quatorze pays africains sous tutelle financière, freinant toute velléité d’indépendance économique.
La realpolitik française en Afrique se résume ainsi : les droits humains et la démocratie ne sont jamais une fin en soi, mais une variable d’ajustement en fonction des intérêts stratégiques. Charles de Gaulle avait prévenu :
La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts.
Soixante ans après, cette maxime continue de dicter la diplomatie française en Afrique avec une constance implacable.
Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences
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