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Côte d'Ivoire/ Assemblée nationale : le PDCI-RDA claque la porte pour dénoncer le silence démocratique

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Ce 30 juin 2025, en pleine séance solennelle à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, marquée par la présence du Président de l’Assemblée nationale du Congo et de plusieurs personnalités de haut rang, le Groupe parlementaire PDCI-RDA a choisi de se retirer de l’hémicycle.

Loin d’un simple geste d’humeur, cette action constitue un acte politique réfléchi, porteur de plusieurs messages, à la fois internes et internationaux. Ce départ spectaculaire, effectué devant le Premier ministre, la Présidente du Sénat, le Président du Conseil économique et social, les ambassadeurs accrédités et des invités de marque, vise à rompre le silence institutionnel autour d’une crise politique qui couve : l’absence persistante de dialogue politique inclusif en Côte d’Ivoire.

Ce geste du PDCI intervient dans un contexte marqué par le resserrement de l’espace démocratique. L’opposition, bien que représentée au Parlement, se trouve marginalisée dans les prises de décision majeures. Les canaux traditionnels de concertation ont été désactivés ou vidés de leur contenu.

Le gouvernement RHDP gouverne sans partage, avec une majorité parlementaire écrasante et un contrôle étroit de toutes les institutions clés. Cette concentration excessive du pouvoir a pour effet de réduire le pluralisme à une façade et d’affaiblir la légitimité du processus démocratique.

En quittant l’hémicycle à un moment aussi solennel, le PDCI-RDA choisit une forme de diplomatie indirecte mais puissante. C’est une manière d’interpeller la communauté internationale, de s’adresser en silence aux observateurs africains et étrangers présents, et de rappeler que le vernis institutionnel ne doit pas faire oublier les tensions profondes qui traversent le système politique ivoirien.

Le message est clair : on ne peut parler de démocratie apaisée sans une réelle volonté de dialogue et d’inclusion. L’opposition existe, elle est active, mais elle n’est ni écoutée, ni consultée. Dans ce contexte, refuser le dialogue revient à gouverner dans une logique de confrontation latente.

Ce type d’action a toujours une portée symbolique forte, mais sa véritable efficacité dépend de la suite. Si cette sortie du PDCI marque le début d’une stratégie plus large, fédérant d’autres partis, acteurs de la société civile et voix indépendantes autour de l’exigence d’un nouveau contrat politique, elle pourrait peser dans le rapport de force. Sinon, elle risque de rester un cri isolé dans une chambre sourde. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’image d’un parti ou d’un groupe parlementaire, mais l’équilibre institutionnel du pays à l’approche d’échéances électorales majeures.

Car il faut le dire sans détour : la stabilité ivoirienne ne peut reposer durablement sur l’exclusion, l’unilatéralisme ou la force du nombre. Elle doit s’ancrer dans le dialogue, la confiance et l’acceptation de la diversité politique comme une richesse, non comme une menace. En cela, le geste du PDCI-RDA, bien que discret dans sa forme, est une alerte sérieuse sur les dérives possibles d’un système politique en perte d’écoute.


Delph Bah,
Analyste politique & Eveilleur des consciences

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