LA PAROLE LIBRE

Charles Blé Goudé : la lente érosion d’un capital politique jadis glorieux

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Charles Blé Goudé a longtemps incarné l’une des figures les plus emblématiques de la scène politique ivoirienne contemporaine. Leader charismatique de la jeunesse patriotique, orateur redoutable et fin mobilisateur, il s’imposa dès le début des années 2000 comme le porte-voix d’une génération déterminée à défendre la souveraineté nationale contre toutes formes d’ingérence extérieure.

Aux côtés du président Laurent Gbagbo, il porta haut l’étendard d’un idéal : celui d’une Côte d’Ivoire libre, affranchie du néocolonialisme, et maîtresse de son destin. Sa présence sur le terrain politique, sa verve, son engagement total, faisaient de lui un acteur incontournable. Même son incarcération à la Cour pénale internationale, aux lendemains de la chute du régime en 2011, aux côtés de Gbagbo, fut perçue comme le prolongement logique de son combat. Elle contribua à consolider son image de martyr politique aux yeux de nombreux Africains.
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Cependant, c’est à sa sortie de prison que débuta ce que l’on peut désormais qualifier de déclin stratégique.
Loin de capitaliser sur son aura pour renouer avec les bases militantes, renforcer les dynamiques d’opposition ou consolider un socle idéologique fort, Blé Goudé choisit la voie trouble de la dissociation. Il s’évertua à prendre ses distances, non seulement avec ses anciens alliés, mais aussi avec les repères mêmes qui avaient fondé son ascension.

Ce repositionnement s’est illustré par une série de signaux politiques contradictoires : querelles implicites autour d’un passeport, silences pesants face aux grands enjeux nationaux, critiques à peine voilées à l’encontre de Laurent Gbagbo, et refus assumé d’adhérer à des initiatives majeures comme le mouvement Trop c’est Trop. À mesure que les clivages politiques s’affirmaient dans le pays, Blé Goudé, lui, semblait se diluer dans une posture d’équilibriste, refusant l’affrontement, fuyant les prises de position tranchées, tout en maintenant un discours lisse sur une “politique autrement” dont les contours demeuraient flous.

Ce choix, que certains auraient pu interpréter comme une tentative de sagesse, s’est en réalité mué en isolement stratégique. Il s’est peu à peu éloigné des préoccupations réelles des populations. Il a cessé d’incarner une ligne claire. Il s’est mis à graviter à la périphérie du débat, davantage préoccupé par son image personnelle que par la lisibilité de son engagement.

Et pendant ce temps, la perception populaire a évolué. Blé Goudé, autrefois héros de la jeunesse ivoirienne, est devenu une figure politique désincarnée, errant entre calculs personnels, communication de façade, et absence d’orientation idéologique ferme. Il a cessé d’être un acteur structurant pour devenir une variable accessoire dans un jeu politique qu’il contribuait autrefois à définir.

Ce recul n’est pas le fruit d’une injustice extérieure. Il est le résultat de choix personnels. Il ne fut ni victime d’exclusion, ni objet de sabotage. Il s’est, consciemment ou non, dépossédé lui-même de son influence, en rompant avec l’identité politique qui avait fait sa force.
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Aujourd’hui, Charles Blé Goudé est en quête d’une légitimité qu’il possédait autrefois naturellement. Il cherche à exister dans un espace qu’il a lui-même vidé de sens. Et ce paradoxe vouloir se réinventer après avoir déconstruit ses propres fondations traduit la plus grande fragilité de sa trajectoire actuelle.

Ainsi, de figure centrale du combat patriotique, Blé Goudé est devenu l’ombre politique de lui-même. Non pas à cause des autres. Mais parce qu’il a choisi, sans doute, de se soustraire à la lutte qui l’avait fait roi.

Delph Bah,
Analyste politique & Éveilleur des consciences
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1 Commentaire(s)
Anonyme
2025-07-01 16:56:01
Cette analyse est erroné et dénoué de tout fondement.
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