Côte d'Ivoire / Crise politique, isolement diplomatique, colère sociale : le PPA-CI charge le régime

À mesure que la présidentielle d’octobre approche, la température politique grimpe à vue d’œil. Ce jeudi 3 juillet 2025, la 38ᵉ édition de la tribune hebdomadaire du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a donné le ton.
Depuis le siège du parti à Cocody, c’est un Dr Koné Justin Katina combatif et sans langue de bois qui a animé la rencontre, dans un contexte déjà électrique où l’opposition soupçonne une manœuvre de trop du camp présidentiel.
Au centre de son propos, un double constat : une crise politique qui s’aggrave à la veille d’échéances cruciales, et un pouvoir en place accusé de vouloir tordre le cou à la démocratie. Pour le président du Conseil stratégique et politique du PPA-CI, les intentions du RHDP sont claires : imposer à tout prix un quatrième mandat du président sortant, ou organiser une succession verrouillée dans les cercles du parti au pouvoir, quitte à faire appel à la complaisance de certaines institutions jugées inféodées.
Dans cette ambiance de méfiance généralisée, le PPA-CI entend prendre les devants. C’est dans cet esprit que le Dr Koné Katina a rappelé la naissance de la dynamique citoyenne baptisée “Trop c’est trop”, un mouvement que conduira Laurent Gbagbo lui-même. L’objectif affiché est de rassembler toutes les forces sociales, politiques et victimes du régime autour d’un refus commun de ce que le parti qualifie de “forfaiture électorale annoncée”.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de résistance active, déjà consolidée par un rapprochement inédit entre le PPA-CI et le PDCI-RDA. Selon Koné Katina, les deux grandes formations de l’opposition parlent désormais d’une seule voix sur les questions essentielles, et entendent bâtir une réponse concertée à la crise électorale qui s’installe.
Mais la dénonciation ne s’est pas arrêtée au terrain politique. Le président du Conseil stratégique a dressé un tableau sévère de la situation économique et diplomatique du pays.
Pour lui, la Côte d’Ivoire, longtemps présentée comme un modèle de stabilité, se retrouve aujourd’hui discréditée sur la scène internationale. Il cite le récent classement européen qui place le pays parmi les zones à haut risque en matière de blanchiment, les mises en garde de Washington sur la fraude aux passeports ivoiriens, ou encore la suspension brutale des liaisons d’Air Côte d’Ivoire avec certains partenaires majeurs, comme le Maroc. Autant d’éléments qui, selon le PPA-CI, témoignent d’un isolement croissant du régime et d’une perte d’influence diplomatique préoccupante.
Sur le plan social, Koné Katina s’est montré tout aussi virulent, fustigeant les mesures gouvernementales qualifiées de “cosmétiques”, à l’image de l’opération “popote” lancée récemment. Selon lui, ces actions relèvent davantage de la communication que d’un véritable projet de société. Dans ses mots, les populations n’attendent pas des marmites ou des vivres de circonstance, mais une politique sérieuse, capable de répondre à la détresse quotidienne.
La tribune s’est close sur une profession de foi sans ambiguïté : Laurent Gbagbo sera candidat, et le PPA-CI mènera la bataille pour une alternance démocratique en octobre prochain. Le slogan martelé tout au long de la rencontre – “Trop c’est trop” – sonne comme un mot d’ordre de mobilisation, mais aussi comme un avertissement au pouvoir en place. Selon Koné Katina, l’opposition ne se contentera plus d’être spectatrice. Elle entend peser de tout son poids pour barrer la route à ce qu’elle considère comme une dérive autoritaire.
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