Guiglo, terre de mémoire et d’espoir, a accueilli, le jeudi 14 août, une voix singulière et poignante, celle de Charles Blé Goudé, président du COJEP, venu porter un message de paix et de réconciliation lors de la deuxième journée du Forum du Grand Ouest pour la Paix.

Dans une atmosphère chargée d’émotion, l’ancien leader de la galaxie patriotique, fils de cette région meurtrie, a pris la parole après la projection d’un film-témoignage retraçant les atrocités vécues dans l’Ouest ivoirien. Le silence dans la salle, lourd de souvenirs, a laissé place à un discours empreint de responsabilité et de profondeur.

Les larmes de cette région doivent cimenter la paix en Côte d’Ivoire.

a-t-il lancé, saluant l’initiative du conseil régional du Cavally, présidé par la ministre d’État Anne Désirée Ouloto. Dans un ton sobre mais percutant, Blé Goudé a appelé à dépasser les clivages politiques pour se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire le bien-être des populations.

Améliorer le quotidien des gens, c’est cela la vraie urgence, loin de nos discours.

a-t-il dit, avant d’inviter à une introspection collective sur les causes profondes des divisions passées. Sa métaphore du crapaud tombé dans l’eau chaude a résonné comme un avertissement :

Nous sommes tombés dans l’eau chaude en 2011, et maintenant, nous savons qu’il y a deux sortes d’eau.

Un appel à la responsabilité individuelle et collective

Son intervention a été un véritable plaidoyer pour une cohésion sociale durable, fondée sur le dialogue, la mémoire et la volonté de bâtir ensemble. Il a exhorté les participants à adopter des comportements favorables à la paix, à tirer les leçons du passé et à refuser les pièges de la division.

Anne Ouloto : restaurer la confiance, traiter le foncier

Prenant la parole à son tour, la ministre d’État Anne Ouloto a partagé ses souvenirs de la visite du président Alassane Ouattara à Toulepleu en 2012 :

La ville était vide. Le Président, ému, m’a confié la mission de tout faire pour faire revenir les populations.

Elle a retracé les efforts entrepris depuis 2011 pour restaurer l’autorité de l’État, favoriser le retour des exilés et reconstruire la confiance entre les communautés. Sur la question foncière, elle a été catégorique :

La paix ne sera pas durable tant que nous n’aurons pas, collectivement, traité la question du foncier.

Elle a réaffirmé son soutien à l'Agence Foncière Rurale (AFOR) et appelé les chefs traditionnels à guider leurs populations vers la sécurisation juridique des terres, condition sine qua non pour prévenir les conflits.

Un forum, une promesse

Le Forum du Grand Ouest pour la Paix s’impose comme un espace de vérité, de dialogue et de reconstruction. À Guiglo, les mots ont porté, les émotions ont parlé, et l’espoir a repris racine.

Car ici, dans l’Ouest ivoirien, les larmes ne sont pas que douleur. Elles sont aussi le ferment d’une paix à bâtir, ensemble.

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