À l’heure où les candidatures affluent, il importe de rappeler que toutes ne se trouvent pas sur un même pied d’égalité. Certaines, à l’image de celles de Laurent Gbagbo et de Thiam, demeurent hypothétiques en raison des contraintes juridiques qui pèsent sur elles. Leur validation demeure incertaine, soumise à des arbitrages complexes que chacun connaît.

En revanche, d’autres prétendants se présentent aujourd’hui comme éligibles, leurs dossiers n’étant pas frappés des mêmes obstacles. Parmi eux, une figure retient particulièrement l’attention : Assalé Tiémoko.

Il faut reconnaître en lui une détermination singulière. Non seulement il a défendu sa candidature avec constance, mais il a également su présenter un programme cohérent, porteur d’une vision claire pour la jeunesse et pour la nation. Sa présence régulière sur les plateaux médiatiques et sa volonté d’un débat direct avec le président sortant témoignent d’un engagement et d’une assurance rares dans le paysage politique actuel.

Toutefois, la question essentielle demeure : sur quelle base Assalé Tiémoko ou tout autre candidat pourrait-il véritablement vaincre Alassane Ouattara, candidat du RHDP, si l’élection devait se dérouler avec la liste électorale actuelle ?

Depuis des mois, l’opposition réclame un audit de ce fichier, considérant qu’il est le verrou principal d’un scrutin crédible. Or, en négligeant cette exigence pour se consacrer exclusivement à l’exposition de son projet, aussi louable soit-il, Assalé Tiémoko court le risque de cautionner un processus dont les dés paraissent déjà jetés.

Il faut être lucide : aucun candidat, quelle que soit sa popularité ou la pertinence de sa vision, ne saurait triompher face au candidat du RHDP avec une liste électorale contestée et inchangée. Entrer dans la compétition sans avoir obtenu au préalable son assainissement revient à valider, de fait, une forfaiture annoncée.

Ainsi se dessine le paradoxe de la candidature d’Assalé Tiémoko : vouloir incarner l’alternative et porter un souffle nouveau, mais risquer, par la seule absence de stratégie sur l’essentiel, de renforcer le système qu’il prétend combattre.


Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences

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