Arthur Banga continue d’étonner davantage par ses sorties spectaculaires que par la profondeur de ses analyses. Sur le plateau de NCI, il s’est présenté comme une sorte de prophète, affirmant avoir “prévu” l’exclusion de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam, et annonçant sans détour qu’il n’y aurait pas de second tour à la prochaine présidentielle. Il a même osé l’image choquante selon laquelle Alassane Ouattara gagnerait, “même si Gbagbo, Thiam et Soro réveillaient leurs grands-parents décédés”.

À mes yeux, ce genre de propos ne relève pas de l’analyse politique mais plutôt du spectacle. Banga donne souvent l’impression de privilégier la provocation à la rigueur intellectuelle, comme si le scandale suffisait à construire de la crédibilité. En cela, il s’éloigne de l’attente que l’on peut avoir d’un analyste, pour se rapprocher d’un rôle d’amuseur médiatique.

Ce qui interroge encore plus, c’est la certitude avec laquelle il avance ses “prédictions”. Comment peut-on parler avec autant d’assurance des décisions à venir de la CEI ou du Conseil constitutionnel ? Soit il s’agit d’une mise en scène sans fondement, soit cela suppose une proximité inquiétante avec les institutions. Dans les deux cas, le doute qu’il installe est malsain pour le débat démocratique.

Qu’il me soit permis de rappeler une évidence : on ne construit pas un parcours politique ni une réputation solide en accumulant des déclarations tapageuses. L’histoire retiendra toujours davantage la profondeur des idées que les phrases-chocs.

Qu’Arthur Banga sache ceci : il n’aura jamais le parcours d’un Gbagbo, ni la stature d’un Thiam. On ne gagne pas le respect en méprisant des figures majeures de la vie politique nationale.

La politique, surtout dans un pays comme le nôtre, exige du sérieux, du respect et une responsabilité intellectuelle. Arthur Banga a le droit d’exprimer ses opinions, mais nous avons aussi le droit de rappeler que la dérision et les prédictions spectaculaires ne remplaceront jamais la réflexion et la rigueur. Le débat national mérite mieux que des effets de manche.


Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences

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